la recherche médicale

Les avancées de la recherche

La Recherche sur l’autisme, que ce soit en France ou au niveau international, progresse et apporte chaque jour de nouveaux espoirs. Les découvertes récentes, la mélatonine, l’ocytocine, pour n’en citer que quelques-unes, montrent déjà qu’il est possible de réduire les souffrances et d’aider les personnes atteintes d’autisme à se développer. Pourtant, des problématiques subsistent dans ce domaine, principalement en raison du manque de financements et du fait qu’aucun consensus sur les axes de recherche n’existe à ce jour. De nombreuses études sont réalisées dans différents secteurs : la neurologie, l’environnement, la génétique….

La recherche et la génétique

Contributions génétiques aux troubles du spectre autistique. Introduction aux facteurs génétiques et à leur importance dans les TSA. Aperçu des études sur les jumeaux et les familles montrant l’héritabilité des TSA. Examen des gènes candidats et des régions chromosomiques impliqués dans les TSA. Discussion sur le rôle des mutations de novo et des variations du nombre de copies (CNV) dans les TSA.

La génétique des troubles du syndrome autistique

Le futur de la génétique réside dans le séquençage du génome complet, c’est-à-dire des parties codantes et non codantes de l’ADN. Ce séquençage permettra de connecter la génétique aux symptômes des TSA ainsi qu’aux caractéristiques du système nerveux central. Aujourd’hui, plusieurs centaines de gènes ont été identifiés comme étant associées aux TSA. Ce sont non seulement des mutations de novo, qui ont lieu spontanément d’une génération à l’autre, mais également des variations du nombre de copies des gènes (CNV). Il faut savoir que les CNV sont parfois mises en évidence chez un seul individu et ne sont pas retrouvées dans d’autres familles.

De la génétique au comportement autistique : l’exemple du gène DRD3

Le gène DRD3 code pour le récepteur 3 de la Dopamine (un neurotransmetteur). Une variation au niveau de ce gène entraîne un comportement répétitif lié aux TSA. Dans ce cas, une corrélation a été mise en évidence entre un mouvement anormal (comportement répétitif) et un gène. Par ailleurs, le récepteur DRD3 est présent de manière importante dans une structure particulière du cerveau, le striatum, les chercheurs se sont intéressés au volume du striatum chez des patients avec TSA. Ils ont ainsi montré une forte corrélation entre le volume du striatum et les TSA puisque les volumes étaient plus importants chez les sujets autistes comparés à des sujets neurotypiques. Cette découverte permet de cibler de manière plus précise les mécanismes pharmacologiques et les effets secondaires des médicaments habituellement prescrits dans les TSA. Il est désormais possible de corréler un gène avec un comportement (cf. mouvement anormal), ce qui permettra à l’avenir de déterminer quel mécanisme pharmacogénétique choisir pour traiter un symptôme en particulier.

Le gêne RORA et la prévalence masculine de l’autisme

Un mécanisme de régulation d’hormones expliquerait la prévalence plus élevée de l’autisme chez les garçons que chez les filles. Un gène du nom de RORA diminue dans le cerveau d’une personne atteinte de Troubles Envahissants du Développement (TED). De même, une protéine gérée par le gène RORA, l’aromatase diminue également dans un cerveau autiste. Les femmes pourraient être plus protégées contre la déficience de RORA parce que les œstrogènes ont un effet positif sur l’expression de ce gène mais aussi parce que les œstrogènes peuvent réguler le même genre de gêne que RORA et ainsi combler le manque de RORA. Selon le Dr Valérie HU, cette étude est seulement « le sommet de l’iceberg ».

  1. La recherche et la neurologie


Structure et connectivité du cerveau dans les troubles du spectre autistique

Aperçu des études de neuro-imagerie mettant en évidence les différences dans la structure et la connectivité du cerveau chez les personnes atteintes de TSA. Discussion sur les régions cérébrales altérées et les circuits neuronaux impliqués dans les TSA. Lien entre les facteurs génétiques et environnementaux et les anomalies cérébrales dans les TSA.

Déjà en 1985, Thomas Kemper et Margaret Bauman, deux chercheurs américains autopsiaient une personne autiste décédée à l’âge 29 ans et découvraient des anomalies du cerveau qui n’existaient pas chez des personnes non autistes, et ces anomalies ne pourraient apparaître qu’avant la naissance. C’est la première découverte qui permettra de reconnaître l’autisme comme ayant une origine biologique. « On naît autiste, on ne le devient pas ».

2. La neuro-imagerie

Lors du «Congrès de l’Autisme 2012», Pr HADJIKHANI a présenté les différentes techniques utilisées en neuro-imagerie et son importance pour mieux comprendre l’autisme. L’autisme est un trouble neuro-développemental qui évolue dans le temps. Il est utile de préciser que les différentes techniques d’imagerie peuvent être intrusives et perturbantes pour les personnes autistes de par le bruit qu’elles provoquent pour certaines, limitant le champ d’étude à un profil de personnes calmes et capables de rester immobiles. Certains constats faits grâce à la neuro-imagerie permettent de dire que le cerveau des personnes autistes est plus gros, que la matière blanche est plus abondante (chez les enfants), et qu’elle subit un processus de maturation différent, qu’il est constaté un amincissement du cortex dans la zone des neurones miroirs, celle-là même qui permet la reconnaissance des émotions exprimées par les visages et le ressenti de ses propres mimiques. Elle a expliqué qu’il n’y avait cependant pas de preuve de lien de cause à effet entre l’amincissement du cortex et l’autisme permettant d’en faire un critère diagnostic.

Les TSA : une variation neurobiologique ET génétique 

Les TSA seraient une conséquence de la variation biologique/ génétique. Les mutations ponctuelles et les variants/ CNV sont impliqués dans les TSA et ils affectent à la fois le développement neuronal, la cognition, les symptômes et les effets secondaires des traitements. La pharmacogénétique est un domaine en pleine expansion qui permettra de mieux cibler les traitements en fonction des symptômes. 

3. La recherche et les causes environnementales

Facteurs environnementaux et leur influence sur les TSA

Explication des facteurs environnementaux susceptibles de contribuer au développement des TSA. Discussion sur les facteurs de risque prénataux et périnataux, y compris les infections maternelles et les complications pendant la grossesse.

Exploration des facteurs environnementaux postnataux tels que la pollution de l’air, les toxines et le stress en début de vie.

Épigénétique et TSA

Introduction à l’épigénétique et à son rôle dans la régulation de l’expression génétique.

Examen des mécanismes épigénétiques dans les TSA et de leur potentiel en tant que cibles thérapeutiques. Discussion sur la manière dont les facteurs environnementaux peuvent influencer les modifications épigénétiques chez les personnes atteintes de TSA.

Le Pr Yehezkel BEN-ARI. Directeur de recherche à l’INSERM, Fondateur et Directeur Honoraire de l’Institut de Neurobiologie de la Méditerranée (INMED Marseille) a cependant précisé que bien que l’autisme soit lié au développement du cerveau ; il y avait une relation entre gène et environnement. Aussi une étude conjointe menée par Stanford et l’université de Californie San Francisco a révélé que l’environnement d’un enfant peut être tout aussi important que les facteurs génétiques quant au risque de devenir autiste. Ils se sont basés sur une étude intégrant 192 vrais et faux jumeaux, et un modèle mathématique intégrant les facteurs environnementaux. Les jumeaux partagent environ 100% de leur patrimoine génétique quand les faux jumeaux n’ont pas plus d’ADN en commun que les autres frères mais tous sont exposés aux mêmes facteurs environnementaux durant l’enfance. Si l’autisme était uniquement génétique, un vrai jumeau atteint de Troubles Envahissants du Développement (TED) devrait, à coup sûr, partager le trouble avec son frère. Or, ces chercheurs ont montré que le risque n’était que de 60 à 70%. Or, pour les faux jumeaux, qui eux ne partagent pas le même ADN, le diagnostic de l’autisme est partagé par 20 à 30% d’entre eux. La génétique n’est donc pas le seul élément déterminant le diagnostic de l’autisme et des TED. Les facteurs non génétiques inclus dans le modèle mathématique sont l’âge des parents, le faible poids à la naissance, les naissances multiples et les infections de la mère pendant la grossesse. D’autres études montrent le rôle joué par les médicaments en cours de gestation, par exemple pour les mères ayant pris des antidépresseurs durant l’année avant la naissance de l’enfant, et particulièrement au cours du premier trimestre de la grossesse. Les chercheurs de cette même étude précisent cependant que l’autisme est très probablement le résultat d’une combinaison de facteurs environnementaux et génétiques. Mais il est trop prématuré selon les chercheurs pour déconseiller la prise de médicaments pendant la grossesse, car cela pourrait entraîner d’autres conséquences plus graves. 

Également, des femmes exposées à des taux de pollution de l’air élevés durant leur grossesse pourraient avoir deux fois plus de risques de donner naissance à un enfant autiste que celles vivant dans des endroits mieux protégés.  

4. Les anticorps maternels

Voies immunologiques et inflammatoires dans les TSA

Explication de l’implication du système immunitaire dans le développement neurologique.

Discussion sur la dysrégulation des réponses immunitaires chez les personnes atteintes de TSA. Exploration de l’activation immunitaire maternelle (AIM) et de son association avec le risque de TSA.

« D’autres études sur la fonction immunitaire ont été faites et comprennent la corrélation entre la diminution de la concentration en immunoglobulines et les symptômes comportementaux, les anticorps de la mère (anticorps produits par la mère contre son propre système qui sont transmis au fœtus et qui attaquent les protéines du cerveau ; et des systèmes inflammatoires particuliers qui sont mesurés en cytokines chez les enfants avec autisme. Les chercheurs de l’institut Johns Hopkins Kennedy Krieger ont trouvé des marqueurs de processus inflammatoires et immunitaires dans le fluide spinal et dans des cerveaux post mortem. Une étude américaine réalisée par l’Université de Harvard (HSPH) montre que les bébés singes dont la mère avait eu une injection de sang « infecté » sont nés avec des comportements stéréotypés répétitifs marqués et une socialisation altérée par rapport aux autres. 

La nutrition, à la croisée des chemins ? 

Il est bien connu que l’état nutritionnel des enfants autistes n’est pas satisfaisant. Il est aussi connu que la nutrition infantile a un impact sur le développement cérébral. Les enfants dont les mères étaient atteintes de la maladie cœliaque (une intolérance au gluten, une protéine se trouvant dans le blé, le seigle et l’orge) auraient donc un risque accru du TSA. Également, il y aurait un risque accru d’autisme chez les enfants avec antécédents familiaux de diabète de type 1, et chez les enfants dont la mère souffrait de polyarthrite rhumatoïde. 

Ceci démontre également que l’autisme est une perturbation du système immunitaire. 

En parallèle, une équipe de chercheurs du Meadows Center Autism Spectrum Disorders Institute de l’Université de Las Vegas a évalué qu’un régime sans gluten n’aurait aucune incidence sur l’autisme. 

Le rôle des vaccins : 

De nombreuses suspicions existent quant à une relation entre les vaccins et l’autisme, insistant sur les conséquences néfastes d’injections contenant du mercure chez les enfants de moins de 3 ans. A ce jour, aucun lien scientifique n’a prouvé cette relation. Tout d’abord, différentes études ont prouvé que la présence de mercure chez les enfants atteints d’autisme n’était pas plus élevée que chez les enfants non autistes. Aussi, une étude menée par l’Institute of Medicine of the National Academies explique que les vaccins restent l’un des meilleurs moyens de protection de notre temps et que les effets secondaires, bien qu’ils doivent être reconnus, restent mineurs dans les vaccins étudiés par l’étude.

5. L’axe intestin-cerveau et son impact sur les troubles du spectre autistique

Introduction à l’axe intestin-cerveau et à son rôle dans le développement neurologique. Aperçu de l’influence du microbiote intestinal sur les fonctions cérébrales et le comportement. Examen des recherches établissant un lien entre les altérations du microbiote intestinal et les TSA. 

Identification de la forte implication du microbiote intestinal, grâce à une analyse portant sur 1200 enfants. Depuis quelques années, les scientifiques soupçonnent l’implication du microbiote intestinal dans les troubles du spectre de l’autisme (TSA). Une nouvelle analyse longitudinale confirme l’existence de voies métaboliques spécifiques étroitement liées aux TSA et principalement régies par plusieurs genres microbiotiques. Notamment sur les interactions entre le système gastro-intestinal et le système nerveux endocrinien, neuro-immunitaire et autonome. Il s’avère que le microbiote intestinal (faisant référence à l’ensemble du génome microbien présent) est une pièce maîtresse dans la régulation de cet axe, et son altération contribue à la pathogenèse de troubles neurodéveloppementaux, dont les TSA.

La nouvelle analyse longitudinale, réunissant les plus éminents experts dans le domaine, consistait à « aborder la question en constante évolution de la manière dont le microbiote est associé à l’autisme », selon l’auteur co-correspondant Gaspar Taroncher-Oldenburg, directeur des alliances thérapeutiques à l’Université de New York. Rassemblant au total 43 experts internationaux en biologie computationnelle, en ingénierie informatique et en médecine, la nouvelle étude se base sur une analyse informatique poussée de 25 ensembles de données, englobant plus de 1200 enfants. 

Récemment publiée dans la revue Nature Neuroscience, l’analyse révèle l’existence d’une signature microbienne spécifique à l’autisme. Cette découverte est corroborée par une étude majeure à long terme intervenant sur des personnes autistes par le biais d’un traitement axé sur le microbiote intestinal. L’intervention consistant à la transplantation de microbiote sain provenant d’un donneur s’est révélée prometteuse et suggère que les TSA pourraient être une condition réversible.

Par ailleurs, cette approche longitudinale pourrait également être transposée à d’autres domaines impliquant potentiellement le microbiote intestinal, tels que la dépression, Parkinson et le cancer. 

Pour découvrir et valider les traitements d’avenir  

Toutes les recherches prouvent que l’autisme peut aboutir à différents symptômes, et en conséquent il est important de prendre en compte toutes les avancées de la recherche. Les traitements seront efficaces selon le trouble du spectre autistique concerné. Ainsi l’identification précoce des TSA, avec des stratégies d’interventions, est aujourd’hui le traitement le plus efficace mais reste une solution éducative et comportementale… 

Une révolution médicale est en route pour vaincre l’autisme,